Madame B.
Quelques éléments de son histoire :
Madame B a 60 ans, elle est mince et mesure environ 1m60. Madame B souffre de troubles psychotiques. Elle a été hospitalisée à plusieurs reprises depuis son adolescence et est présente dans cette unité depuis plusieurs années.
Madame B a des accès de colère pouvant intervenir à la suite d'une frustration, d'une sensation de manque ou d'une blessure. Ils se caractérisent par leurs apparitions brutales et par leurs intensités. Chaque fin d’activité peut être source de manifestations violentes. Elle crie, elle crache, elle insulte et peut avoir des gestes violents envers ses pairs ou/et le personnel soignant. Elle a une grande force physique.
Lorsque Madame B s’assoie, son corps penche vers la droite et il faut la redresser pour qu’elle ne tombe pas.
Madame B. participe de manière assidue aux ateliers de groupe qui lui sont proposés. A chaque séance, elle prend une feuille avec des feutres ou des crayons et dessine pendant deux heures. Quand elle utilise des feutres, elle dessine avec tant d’ardeur que la feuille se déchire. Avec les crayons à papier, elle appuie jusqu’à ce que la surface de la feuille soit lisse et recouverte de couleurs.
Lors d’une séance de deux heures,
j’ai proposé à Madame B. d’utiliser de la pâte à sel. Dans un plat, nous avons mélangé la farine, le sel, l’eau et à plusieurs mains, nous avons pétrit la pâte. Madame B. était assise parmi nous et elle malaxait aussi.
Après quelques minutes, j’ai pris un autre plat et nous avons laissé Madame B. travailler la pâte. Je lui ai proposé de faire une grosse boule de pâte pour tout le groupe que nous partagerions ensuite. Pendant environ une heure, elle a pétri. Elle était assise et n’a pas eu besoin de se redresser. Quelques fois, elle me demandait de lui enlever la pâte qui restait collées sur ses doigts : ça la faisait rire et moi aussi.
Lorsque elle a terminé de pétrir, Madame B. a accepté de partager la pâte avec le reste du groupe. Elle a fait une boule avec le morceau qui lui restait. Je lui ai proposé de placer à l’intérieur de son œuvre, un mot ou un dessin et de le renfermer. Madame B. ne lit pas, mais elle a préféré choisir un mot, parmi les différents mots que j'avais écrit. Le mot "Respiration". Ensuite nous avons cuit la pâte.
Pour terminer, elle a mis de la colle sur la pâte cuite et posé des bouts de laine qu’elle a découpée avec des ciseaux.